>Argument
Plusieurs témoins sont interrogés, un par un (cinq personnages), par un Commissaire de police de la ville d'Oran au sujet d'un meurtre présumé commis récemment.
>Scénario
Un commissariat avec une table et deux chaises face à face, derrière une porte. La scène est sombre et il y a un projecteur qui tombe directement sur la table et le suspect/témoin, qui est ébloui exprès. Il apparaît assis à sa place, le Commissaire de police arrive plus tard. Il y a un cendrier parce que le surintendant fume des cigares qui sont dans une boîte placée dans un placard. Il y a aussi un fichier et une vieille machine à écrire.
>Personnages
Commissaire: vêtu d'un trench-coat et d'un chapeau.
Sergent: Portez la tenue réglementaire.
Dame de service.
Suspects et témoins.
1
[M. Ismaïl Stora]
Une musique pleine de suspense passe, qui est répétée après chaque intervention.
COMMISSAIRE
Nom. (Le commisaire écrit les données principales sur la machine á écrire)
1ER SUSPECT
Ismaïl Stora. (Personnage en tunique, barbe...)
COMMISSAIRE
Âge?
1ER SUSPECT
34 ans.
COMMISSAIRE
Où habitez-vous?
1ER SUSPECT
Rue Mohamed Benabdeslem.
COMMISSAIRE
Commune?
1ER SUSPECT
Oran.
COMMISSAIRE
Profession?
1ER SUSPECT
Je travail dans une boulangerie.
(Le comissaire arrête d'écrire)
COMMISSAIRE
Je vous rappel que ce que vous dites peut être utilisé contre vous.
1ER SUSPECT
Eh bien, je n'ai aucune raison de mentir.
COMMISSAIRE
Vous le saurez! Que pouvez-vous me dire sur le pain?
1er SUSPECT
Qu'est ce que voulez dire? (Question déplacée)
COMMISSAIRE
(Se lève et allume une cigarette) C'est une question que ma femme me pose tous les jours quand elle se lève le matin pour me préparer le petit-déjeuner.
1ER SUSPECT
Votre femme vous demande la cuestion au petit-déjeuner?
COMMISSAIRE
Elle me le dit quand le café bout et que le lait est à bon temperature! Et tout le monde demande, pas seulement ma femme! Mais l'opinion de ma femme vaut autant que la mienne...! Ou plus!
1ER SUSPECT
Votre femme...?
COMMISSAIRE
Êtes vous sourd...? Est-ce que je vous demande pourquoi le pain n'a pas le goût du pain aujourd'hui? Est-ce la levure, la farine qui n'est pas bien tamisée, ils ajoutent peu d'huile...? Est-ce peu sel, ou l'eau...? Vous ne pouvez plus faire confiance aux légendaires fontaines cristallines d'Oran?
1ER SUSPECT
Eh bien, non non je ne sais pas...!
COMMISSAIRE
Oh, vous ne savez pas?
1ER SUSPECT
C'est juste que ce n'est pas vraiment moi qui fais le pain, Monsieur le Commissaire.
COMMISSAIRE
Ne dit-vous pas que vous êtes boulanger?
1ER SUSPECT
Non, Monsieur le Commissaire! Je travail dans une boulangerie mais je ne suis pas boulanger, c'est différent. Dans une boulangerie, il n'y a pas que des boulangers...! Mais c'est pour ça que vous m'avez convoqué!
COMMISSAIRE
Je vous convoqué comme je voux!
1ER SUSPECT
D’accord, d’accord.
COMMISSAIRE
Expliquez-vous mieux.
1ER SUSPECT
C'est très simple, Monsieur le Commissaire: c'est moi qui ouvre le magasin à six heures du matin et je me limite à servir le public, reseigner les gens la marchandise est disponibles, à garder les paniers propres á fair la mise a jour; je fait encasser les clients, je nettoie, j'ouvre et je ferme parce que je suis le seul qui reste dans la boulangerie. Tout cela du matinal jusque les lumières s'éteignent. Je passe la journée à la boulangerie. Je suis le seul derrière le comptoir et personne ne me paie correctement.
(Moment de silence tendu pendant lequel l'inspecteur souffle de la fumée de sa bouche)
COMMISSAIRE
N'est-il pas vrai qu'il y a six ans, vous avez été arrêté pour un vol qui a eu lieu au stand de pain? Vous etiez le seul à l'être!
1ER SUSPECT
Non, non, non! (Très excité, il se lève de son siège) Non, non, non!
COMMISSAIRE
Asseyez-vous!
1ER SUSPECT
Je n'ai jamais été détenu!
COMMISSAIRE
Comment ça?
1ER SUSPECT
Jamais, jamais, jamais!
COMMISSAIRE
N'avez pas été arrêté?
1ER SUSPECT
Non, Monsieur!
COMMISSAIRE
Alors ce dossier? (Il lui montre le dossier qui était sur la table)
1ER SUSPECT
Montrez moi? (Regardez le dossier) Ce n'est pas moi, Monsieur le Commissaire!
COMMISSAIRE
Ah bon? Ils ont pris une photo de votre profil droit, gauche et de face... N'est pas vous? Vous ne vous souvienz, plus de vos empreintes; votre nom irréfutable placé en dessous. À côté de votre adresse, les années qu'il a passée dans le domaine de la boulangerie... Tout! (Il souffle de la fumée au visage) Ce n'est pas vrai?
1ER SUSPECT
(En avant, parlant doucement, pour que personne ne l'entende) Voyons, j'avoue que j'étais au commissariat...
COMMISSAIRE
Allez, continuez...! Allons de l'avant...!
1ER SUSPECT
Un commisariat m'a convoqué mais je n'ai pas été arrêté. Ce n'est pas moi qui ai détourné de l'argent, c'est pourquoi je n'étais pas en prison. Je suis innocent! Totalement innocent!
(À ce moment-là, une femme entre dans la salle d'interrogatoire avec un plateau de café.)
LA FEMME
Bonjour. Je vais vous apporter une collation.
COMMISSAIRE
Laissez-le sur la table. Merci.
(Il tape sa main sur la table qui la fait trembler. La dame fait une feinte de surprise et s'enfuit)
COMMISSAIRE
"Je suis innocent! Je suis innocent!". Ils disent toujours la même chose...! Qui voulez vous!
1ER SUSPECT
Monsieur le Commissaire, pour l'amour de Dieu!
COMMISSAIRE
Qui voulez vous?
1ER SUSPECT
Si j'étais coupable, ils ne m'engageraient pas! Vous ne trouvez pas? Que voulez-vous de moi, Monsieur le Commissaire?
COMMISSAIRE
C'est moi qui pose les questions ici? C'est clair?
1ER SUSPECT
Pardonne moi!
COMMISSAIRE
Vous voulez que je vous arrête!
1ER SUSPECT
Oh, je me suis excusé!
COMMISSAIRE
Je veux savoir ce qui est arrivé à Sofiane!
1ER SUSPECT
Je ne sais rien à ce sujet, je ne sais que ce que les journaux ont publié!
COMMISSAIRE
Vous connaissiez Sofiane?
1ER SUSPECT
Bien sûr, tout le monde dans le quartier le connaissait. Nous le considérions comme un ami. C'était un gars très populaire. Il jouait au football, vous savez, c'était un bon joueur.
COMMISSAIRE
Je ne suis pas le football.
1ER SUSPECT
Eh bon, bien sûr! Si vous ne suivez pas le football, c'est normal!
COMMISSAIRE
Continuez!
1ER SUSPECT
Il était un défenseur du MCO, jusqu'à ce qu'il se fasse opérer du ménisque et sa s'est mal passé, il a dû prendre sa retraite. Il aurait pu aller loin. Mais je ne p'ai pas vu depuis longtemps.
COMMISSAIRE
Et pourquoi vous ne l'avez pas vu s'il était dans tu quartier?
1ER SUSPECT
Parfois, il allait à Mostaganem, ou est. Je est originaire de Mostaganem, c'est pour ça que je le connais despuis longtemps, mais je suis venu vivre à Oran avec mes parents. Nous avons toujours été amis, même s'il était plus jeune.
COMMISSAIRE
Mais revenait-il de Mostaganem?
1ER SUSPECT
Je pense.
COMMISSAIRE
Est-il revenu ou pas? (Faché)
1ER SUSPECT
Je ne sais pas, je ne l'ai pas vu ! On dit que'l p'étais ici il y a quelques jours.
COMMISSAIRE
Ce jour-là, il était devant la boulangerie, titubant, avec un couteau tranchant de vingt centimètres planté dans le dos, il est clair que quelqu'un voulait sa mort. Il se rendait à la boulangerie, marmonnant quelque chose, certains disent qu'il prononçait le nom de son supposé meurtrier. Savez-vous qui s'est?
1ER SUSPECT
Non!
COMMISSAIRE
Is-ma-îl!
1ER SUSPECT
Non, ça ne peut pas être moi...! Pourquoi pas Jahmal, c'est le nom de son père! Ou Khalil, qui est celui de son petit frère!
COMMISSAIRE
(Fait un geste négatif)
1ER SUSPECT
Non, je vois! Mais nous étions amis! Quel motif pouvais-je avoir pour le tuer d'une manière aussi cruelle?
COMMISSAIRE
Dites le moi!
1ER SUSPECT
La seule chose à laquelle je pense, c'est qu'il demanderait de l'aide et que je ne pouvais pas la lui donner. (Les yeux larmoyants)
COMMISSAIRE
Il était huit heures du soir et la boulangerie était toujours ouverte.
1ER SUSPECT
Je ne l'ai pas vu, je le jure! Oh oui, ce jour-là, j'ai dû quitter le travail plus tôt!
COMMISSAIRE
Pas d'invention!
1ER SUSPECT
Mais c'est vrai, Monsieur le Commissaire, vous devez me croire!
COMMISSAIRE
Mais vous n'étiez pas à la boulangerie toute la journée? Que nous reste-t-il? (Il dit avec colère)
1ER SUSPECT
Je devais m'absenter, j'avais une urgence. Vers cinq heures de l'après-midi, ma mère est tombée dans les escaliers de la maison et j'ai dû l'emmener chez le médecin.
COMMISSAIRE
Quelle coïncidence! Qui peut corroborer cela?
1ER SUSPECT
Eh bien, ma mère...! (Un temps relativement long en silence) N'est-ce pas bon...?
COMMISSAIRE
Non!
1ER SUSPECT
Eh bien, le médecin qui l'a soignée. Comment s'appelait-il... Oh oui, Amet, Amet Chergui! C’est ça.
COMMISSAIRE
Nous allons vérifier.
(Il se lève de table. Un sergent frappe à la porte. Ils parlent loin de la table pour que je ne les entende pas)
COMMISSAIRE
Entre!
SERGENT
Bonjour, Monsieur le Commissaire.
COMMISSAIRE
Qu'en pensez-vous, sergent?
SERGENT
Ce n'est pas lui!
COMMISSAIRE
C'est un suspect clé: c'était un ami du défunt depuis longtemps, il est mort devant sa boulangerie, c'est déroutant qu'il n'était pas là à ce moment-là... s'il l'était, il pourrait le trahir.
SERGENT
Je viens de parler à Amet Chargui: c'est vrai qu'une heure avant il était avec sa mère à l'hôpital. Je n'en ai jamais été aussi sûr... Ce n'est pas lui!
COMMISSAIRE
Est-ce que Chargui est légitime?
SERGENT
Totalement! C'est un homme très sérieux.
COMMISSAIRE
Il est sorti du piège du dossier propre.
SERGENT
Oui, c'était bien, Monsieur le Commissaire!
COMMISSAIRE
Merci Sergent.
(Le sergent quitte la pièce)
COMMISSAIRE
Eh bien (s'adressant au suspect), vous pouvez y aller.
1ER SUSPECT
Qu'est-ce que vuus dit?
COMMISSAIRE
Ce que vous avez entendu!
1ER SUSPECT
Avez-vous dit que je pouvais partir? (Dit avec surprise)
COMMISSAIRE
C’est ce que j’ai dit.
1ER SUSPECT
Êtes-vous sûr que cela ne va pas m'arrêter?
COMMISSAIRE
Ne me le faites pas regretter !
1ER SUSPECT
Merci, Monsieur le Commissaire, merci!
COMMISSAIRE
Ne me remerciez pas, c'est toujours suspect!
1ER SUSPECT
Mais...!
COMMISSAIRE
Ne quittez pas la ville jusqu'à nouvel ordre!
1ER SUSPECT
Ne vous inquiétez pas, Monsieur le Commissaire!
COMMISSAIRE
Laissez le prochain entrer!
1ER SUSPECT
Merci!
COMMISSAIRE
Est-il toujours là?
1ER SUSPECT
Merci, Monsieur le Commissaire! Non, non, je pars!
2
[Mme. Fatima Rahmani]
DÉCLARANT
(On frappe à la porte) Je peux entrer?
COMMISSAIRE
Oui.
DÉCLARANT
Salam malecum.
COMISSAIRE
Malecum salam. Qui êtes vous?
DÉCLARANT
Je m'appelle Fatima Rahmani, je suis ici pour le garçon qu'ils ont tué. (Personne plus âgée, cela pourrait être la même chose qu'avant avec une perruque ou un foulard et une voix féminine. Le flic regarde s'il est sur la liste)
COMMISSAIRE
Passer!
DÉCLARANT
Merci!
COMMISSAIRE
Asseyez-vous!
DÉCLARANT
Merci, parce que je suis fatigué!
COMMISSAIRE
Vous ne figurez pas sur la liste des répondants?
DÉCLARANT
J'habite dans la maison en face de la boulangerie, vous comprenez.
COMMISSAIRE
Vous venez pour l'affaire de M. Sofiane?
DÉCLARANT
Oui je vien pour se casse, sergent!
COMMISSAIRE
Je suis le Commissaire.
DÉCLARANT
Oh, excusez-moi, Monsieur le Commissaire!
COMMISSAIRE
Rien ne se passe!
DÉCLARANT
Je ne l'ai jamais vu par ici.
COMMISSAIRE
Je suis un nouveau commissaire à Oran.
DÉCLARANT
Ah! Il vient d'être nommé! Félicitations!
COMMISSAIRE
Merci. Oui, j'étais à Skikda, d'où je viens.
DÉCLARANT
Très bien!
COMMISSAIRE
Qu´est que pouvez-vous me dire sur l'affaire en cours?
DÉCLARANT
Quel cas? Ah, oui! Puits...
COMMISSAIRE
Étiez-vous à la maison il y a deux jours lorsque l'incident s'est produit? Avez-vous vu quelque chose de votre fenêtre? Entendu de crie?
DÉCLARANT
J'étais à la maison par intermittence.
COMMISSAIRE
Connaissiez-vous le mort?
DÉCLARANT
À vue, tout simplement. Qui ne le connaît pas? Plus mon mari qui est fan de l'équipe de football.
COMMISSAIRE
Et pourquoi est-il venu volontairement?
DÉCLARANT
Parce que je crois qu'il est du devoir d'un citoyen de venir témoigner d'un crime, surtout s'il s'est produit si près de chez nous.
COMMISSAIRE
Je comprends. Plus précisément, qu'avez-vous vu, madame?
DÉCLARANT
Je n'ai rien vu.
COMMISSAIRE
(Un silence coupé au couteau) Rien?
DÉCLARANT
À propos de la question spécifique?
COMMISSAIRE
Oui.
DÉCLARANT
Non, je n'ai rien vu.
COMMISSAIRE
Alors que faites-vous ici?
DÉCLARANT
Je considère que c'est mon devoir civique. Écoutez, je devrais commencer par le début.
COMMISSAIRE
D'accord, vous pouvez commencer où vous voulez!
DÉCLARANT
Eh bien, à ce moment-là, quand ce qui s'est passé, je cherchais du persil.
COMMISSAIRE
Persil?
DÉCLARANT
Oui, du persil ! Je voulais faire des spaghettis carbonara, parce que Mohamet et le garçon aiment beaucoup la carbonara, mais je n'avais pas de persil.
COMMISSAIRE
Madame, je sais que ce n'est pas mes affaires, mais les spaghettis carbonara n'ont pas de persil.
DÉCLARANT
Comment pourrait-il en être autrement?
COMMISSAIRE
Certament pas! Je suis devenue veuf...
DÉCLARANT
Si jeune!
COMMISSAIRE
Oui, madame!
DÉCLARANT
Mon pauvre bebe!
COMISSAIRE
Eh bien, j'ai dû suivre un cours de cuisine.
DÉCLARANT
N'avait-il personne pour cuisiner pour lui, commissaire?
COMMISSAIRE
Non, madame.
DÉCLARANT
Aller!
COMMISSAIRE
J'ai pris un cours de cuisine avec un chef sicilien de Palerme, et je sais que la carbonara a du 'guanciale' qui est fait avec de la viande d'agneau -faute d'autre chose-, du fromage 'pecorino' et des œufs frais.
DÉCLARANT
Et n'oubliez pas, Monsieur le Commissaire... persil!
COMMISSAIRE
Il n'y a pas de persil, madame! (En colère à un degré moyen. Geste avec vos mains)
DÉCLARANT
Dites cela à mon mari, quand il revient d'une distribution d'eau au milieu d'Oran, en sueur et mort! Bon je dis mort, ce n'est pas que je suis mort, c'est une façon de parler, voyons si vous me comprenez... Il est un peu acariâtre, ne veut parler à personne et se couche en boudant. Mais avant de s'endormir, il commande son plat préféré de spaghetti carbonara au persil. Ou l'enfant, qui grandit et lèche la marmite, parce qu'il aime tellement ça!
COMMISSAIRE
Écoutez, madame, nous ne sommes pas pour le persil!
DÉCLARANT
Comme c'est grossier! (Se lève)
COMMISSAIRE
Nous voici avec un crime, madame, qui est très grave, pas idiot! Parce que c'est une femme, je ne la mets pas en prison pour obstruction à la justice!
(Elle se lève et se dirige vers la porte)
DÉCLARANT
Eh bien, maintenant je ne vous dirai pas que j'ai rencontré Sofiane ce jour-là!
COMMISSAIRE
Attendre! Qui a-t-il trouvé?
DÉCLARANT
Maintenant, vous êtes intéressé, n'est-ce pas?
COMMISSAIRE
Asseyez-vous, madame ! (S'assoit) Dis-moi, qui as-tu trouvé?
DÉCLARANT
Qui sera-t-il, l'homme mort qui était encore vivant!
DÉCLARANT
Non!
COMMISSAIRE
Où dites-vous exactement que vous l'avez vu?
DÉCLARANT
Je ne l'ai pas encore dis-le!
COMMISSAIRE
Eh bien, dis-le!
DÉCLARANT
Mais quel coût que les spaghettis carbonara contiennent du persil!
COMMISSAIRE
Bien sûr qu'ils ont du persil, madame! Quand n'ont-ils pas apporté de persil? Cette plante indispensable dans n'importe quelle maison algérienne, pour l'amour de Dieu!
DÉCLARANT
C'est ce à quoi ça ressemblait pour moi!
COMMISSAIRE
Ne faites pas le tour madame, soyez précis!
DÉCLARANT
Ce matin-là, j'étais au marché de la Bastille quand je l'ai vu.
COMMISSAIRE
Achetait-il?
DÉCLARANT
Escargots!
COMMISSAIRE
Comment dit-on?
DÉCLARANT
Que j'achetais des escargots!
COMMISSAIRE
Ah!
DÉCLARANT
Mohamed ne peut pas voir les escargots, il dit qu'il est dégoûté par tant de bave et tant de saleté! On lui met une balle dans l'estomac qu'il pousse pour sortir et ne sort pas, mais moi, pour ma part, je ne suis pas tan superficiel.
COMMISSAIRE
Madame, veuillez répondre à mes questions.
DÉCLARANT
Je suis d’accord.
COMMISSAIRE
Et que s'est-il passé sur le marché qui sortait de l'ordinaire?
DÉCLARANT
Je ne sais pas. Tout s'est passé très vite et j'étais pressé. J'ai prêté attention pendant un moment parce qu'ils élevaient trop la voix.
SOMMISAIRE
Et qu'a-t-il entendu?
DÉCLARANT
J'ai entendu Sofiane.
COMMISAIRE
Et qu'a-t-il dit?
DÉCLARANT
Il se disputait avec Rachid.
COMMISSAIRE
Rschid? Qui est Rachid?
DÉCLARANT
Le seigneur des escargots!
COMMISSAIRE
(Très intéressé) Pas mal. Suivre! De quoi se disputaient-ils?
DÉCLARANT
Je ne sais pas! Du prix des escargots, je suppose!
COMMISSAIRE
Où cela s'est-il arrêté?
DÉCLARANT
Je ne sais pas...
COMMISSAIRE
Savez-vous simplement comment dire je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas? Dégonflez le plus peint!
DÉCLARANT
Mais comment voulez-vous que je le sache, Monsieur le Commissaire? J'étais au stand de figues de barbarie, en train de parler à mon amie Zorha, dont le chat borgne était mort.
COMMISSAIRE
Mais qu'est-ce que je me soucie du chat de son ami borgne, Zorha! Je veux dire, le chat borgne...! Ce qui m'intéresse, c'est ce qui est arrivé à Sofiane! Reconstituer ses derniers instants.
DÉCLARANT
Je n'écoute pas ce qui ne m'intéresse pas, Monsieur le Commissaire. Mais je me souviens qu'il a failli frapper l'escargot de Sofiane.
COMMISSAIRE
Intéressant!
DÉCLARANT
Il était très poli, je dis Sofian, mais ce Rachid, ce n'est pas du blé propre. Je pense que je devrais l'interroger, même si je sais que ce n'est pas mon affaire.
COMMISSAIRE
Vous avez raison, ce n'est pas votre affaire!
(Les lumières s'éteignent et la musique joue)
3
[M. Rachid Benissa]
DÉCLARANT
Bonjour.
COMMISSAIRE
Bonjour. Qui êtes vous? (Un vendeur très primitif qui est assis)
DÉCLARANT
Rachid, Rachid Benaissa, pour servir Dieu et toi.
COMMISSAIRE
Passer! C'est celui de l'étal d'escargots du marché de la Bastille!
DÉCLARANT
Oui, commissaire, mais je ne sais pas ce qu'ils veulent de moi, le policier qui est venu chez moi ne m'a pas dit pourquoi je venais ici. Aujourd'hui, ils m'ont apporté plusieurs boîtes d'escargots d'Aïn el-Turk et il n'y a que mon plus jeune fils, Salah, qui s'occupe d'eux, mais quand ils ne s'échappent pas à un endroit, ils s'échappent à l'autre. Je dois donc y aller bientôt pour voir s'il en reste.
COMMISSAIRE
Ce ne sera qu'un instant.
DÉCLARANT
Voyons si c'est vrai!
COMMISSAIRE
Êtes-vous pressé? (Il le dit sèchement en face)
DÉCLARANT
Non, non, Monsieur le Commissaire.
COMMISSAIRE
C’est à cause du meurtre de Sofiane.
DÉCLARANT
Ah, oui!
COMMISSAIRE
Il semble que vous ayez été le dernier à parler à Sofiane, avant sa mort. De quoi ont-ils parlé?
DÉCLARANT
Mais pourquoi dit-il que j'étais le dernier! Je l'ai vu parler à d'autres personnes après moi!
COMMISSAIRE
Ils me disent qu'ils ont été vus en train de se disputer passionnément.
DÉCLARANT
Passionnément?
COMMISSAIRE
Oui, avec chaleur!
DÉCLARANT
Ils vous disent beaucoup de bêtises!
COMMISSAIRE
Hé, comportez-vous bien ou ordonnez-lui d'arrêter!
DÉCLARANT
Nous avons peut-être discuté un peu passionnément, mais nous ne parlions de rien d'important, Monsieur le Commissaire. Son tempérament s'était beaucoup détérioré depuis qu'il avait été contraint de prendre sa retraite du football.
COMMISSAIRE
Je ne suis pas le football!
DÉCLARANT
Il sera le seul ! Désolé, je ne voulais pas dire ça!
COMMISSAIRE
Continuez!
DÉCLARANT
Non, je n'ai rien d'autre à dire. Hé, pensez-vous honnêtement que vous devriez demander un avocat avant de dire quoi que ce soit?
COMMISSAIRE
Êtes-vous coupable?
DÉCLARANT
Suis-je coupable? Non, mec, non!
COMMISSAIRE
Il ne m'a toujours pas dit de quoi il a parlé à Sofiane.
DÉCLARANT
Je vous l'ai dit, le football! Nous parlions juste de football! Il était obsédé par sa retraite anticipée et estimait que l'équipe avait l'obligation de lui donner du travail au sein de l'équipe technique. Et je lui ai dit que je ne savais pas pourquoi ils devraient lui donner un travail. Mais il était furieux si vous le contredisiez, et j'avoue que je n'aurais pas dû le lui dire.
COMMISSAIRE
Étiez-vous furieux aussi?
DÉCLARANT
Non, non, j'étais calme! Pourquoi serait-il furieux?
COMMISSAIRE
N'est-ce pas facile de crier?
DÉCLARANT
Non pas que ça va!
COMMISSAIRE
Et pourquoi l'ont-ils entendu crier?
DÉCLARANT
Crier? Non, Monsieur le Commissaire. Le fait est que j'ai une voix puissante, ce qui est différent. Pour vendre des escargots à la Bastille, il faut que ce soit comme ça, mais cela ne veut pas dire qu'il était en colère. (Silence tendu) Hé, Monsieur le Commissaire, je n'ai sûrement pas besoin de demander un avocat?
COMMISSAIRE
Vous considérez-vous déjà coupable?
DÉCLARANT
Qu'est-ce que ça dit! Bien sûr que non!
COMMISSAIRE
Et, dites-moi, vous savez tellement de choses sur le football...
DÉCLARANT
Naa! J'aime le voir, mais je ne suis pas un expert! Eh bien, un peu oui, pourquoi vais-je vous mentir.
COMMISSAIRE
Sofiane était-il si bon au football?
DÉCLARANT
Eh bien, ce n'était pas Aissa Mandi, mais c'était un bon défenseur central. Mais ce genou bâclé, ils lui ont fait!
COMMISSAIRE
A-t-il envisagé...?
DÉCLARANT
Il pensait que le docteur avait été un maladroit!
COMMISSAIRE
S'était-il trompé?
DÉCLARANT
Et s'il avait fait une erreur?
(Moments de silence)
DÉCLARANT
Il m'a dit qu'il en savait plus mais qu'il reliait encore les points. Il m'a dit qu'un autre jour, nous parlerions autour d'un café fort, comme ceux qu'il aimait.
COMMISSAIRE
Mais ils ne l'ont pas pris.
DÉCLARANT
Malheureusement non! Malheureusement non! (Retenant ses larmes, le surintendant lui tend un kleenex) Ne vous méprenez pas, je ne pleure pas habituellement...
COMMISSAIRE
Viens, viens! Se remettre les idées en place!
DÉCLARANT
Écoutez, Monsieur le Commissaire, ce n'est pas moi qui devrais vous dire quoi faire, mais je pense que vous devriez parler à ce médecin, Amet Chergui.
COMMISSAIRE
Partir! Ne manquez pas les escargots !
DÉCLARANT
Découvrez le meurtrier, commissaire !
COMMISSAIRE
C'est ce sur quoi nous travaillons.
DÉCLARANT
Mais quel prix que je ne crie pas ! (Bruyamment)
4
[M. Afif Zituni]
COMMISSAIRE
Qui êtes-vous?
DÉCLARANT
Quoi? (Il sort une trompette, il est sourd. Très vieux. Il est prêt à aller à la mosquée)
COMMISSAIRE
Qui êtes vous? (Élève la voix)
DÉCLARANT
Je m'appelle Zitu, de Zituni.
COMMISSAIRE
Le célèbre Afif Zituni!
DÉCLARANT
Voilà. Ils m'appellent Zitu, mais peu importe, je ne suis pas si célèbre. Je n'ai presque pas quitté Sidi el Huari de ma vie.
COMMISSAIRE
Mais il est plus connu ici que Cheb Khaled.
DÉCLARANT
Hé, hé, hé, hé!
COMMISSAIRE
Tout le monde parlait affectueusement de vous.
DÉCLARANT
Comment dit-on?
COMMISSAIRE
Que tout le monde parle avec tendresse.
DÉCLARANT
Ouais, eh bien, je suis assez sourd...
COMMISSAIRE
Nous enquêtons sur la mort de Sofiane. (Idem)
DÉCLARANT
Pauvre garçon!
COMMISSAIRE
Aha.
DÉCLARANT
Il ne méritait pas cette fin. Quand ils me l'ont dit, je ne pouvais pas le croire! Ce n'est pas possible!
COMMISSAIRE
Le connaissiez-vous bien?
DÉCLARANT
Je l'ai connu, bien sûr! Depuis que je suis enfant! Il est venu avec ses parents de Mostaganem dans la même rue. C'était un enfant très alerte, il parlait beaucoup comme s'il ne voulait rien oublier. Il a tout éclairé avec ces grands yeux comme des phares de vélo. Il était éveillé aux choses de l'école et à l'apprentissage du Coran. Et à cette époque, il commençait déjà à se démarquer dans le football pour enfants et, plus tard, avec les joueurs plus âgés et dans l'équipe première. Mais il n'eut même pas le temps d'en profiter, pauvre chose.
COMMISSAIRE
Et pourquoi pensez-vous qu'il a été tué?
DÉCLARANT
Comment dit-on? (Place le trompette dans l'oreille)
COMMISSAIRE
Savez-vous s'il avait des ennemis) (Idem)
DÉCLARANT
Je ne pense pas que je l'ai fait. Sofiane était un amoureux. Il était l'aîné de trois frères, vous savez? Non, monsieur, il ne peut y avoir rien ni personne sur terre qui voudrait faire du mal à ce garçon.
COMMISSAIRE
Tout a changé après l'opération.
DÉCLARANT
Oui, il m'a dit qu'il était dégoûté.
COMMISSAIRE
Ne vous a-t-il pas dit pourquoi?
DÉCLARANT
Il voulait jouer au football. Il aimait le football. Il a dit: «Zitu, c'est la seule chose que je sais faire et ce que je veux le plus dans ce monde».
COMMISSAIRE
Allez-vous au football?
DÉCLARANT
Je n'ai pas manqué un jour!
COMMISSAIRE
Ne s'attendait-il pas à être boiteux à vie?
DÉCLARANT
Non, bien sûr que non, il était déjà un homme à part entière.
COMMISSAIRE
Connaissez-vous Amet Chergui?
DÉCLARANT
C’est ça!
COMMISSAIRE
Que pensez-vous de lui?
DÉCLARANT
Bon. Écoutez, hier, je suis allé à son bureau parce que je me suis tordu le pied, et il y avait son fils Rafit, qui étaient coéquipiers et bons amis, mais il n'avait pas l'air très désolé curieusement.
COMMISSAIRE
Pourquoi dit-il cela?
DÉCLARANT
Je ne pouvais pas l'entendre, mais il criait dans le bureau de son père, qui est à côté de la salle d'attente, et je pouvais l'entendre jusqu'à moi.
COMMISSAIRE
Et qu'a-t-il dit?
DÉCLARANT
Amet dit qu'il pouvait déjà être un partant grâce à lui, et le garçon répondit qu'il préférait être mort que de perdre son ami; je comprends qu'ils parlaient de Sofiane. Puis il claqua la porte et sortit dans la rue. C'était dommage parce que je voulais lui présenter mes condoléances.
COMMISSAIRE
Merci beaucoup!
DÉCLARANT
Comment dit-on? (Mettant la trompette à son oreille)
COMMISSAIRE
Ça peut aller!
DÉCLARANT
Eh bien! Je suis désolé de ne pas avoir été utile, je suis vieux et malade, vous savez?
COMMISSAIRE
Cela m'a aidé plus que vous ne le pensez!
DÉCLARANT
Que dit-il? (Idem)
COMMISSAIRE
Allez avec Dieu!
DÉCLARANT
Et vous aussi!
5
[M. Amet Chergui]
COMMISSAIRE
Êtes-vous M. Amet Chergui ?
2E SUSPECT
Oui Monsieur.
COMMISSAIRE
Est-ce de...?
2E SUSPECT
Je suis né à Tlemecén, mais j'ai vécu à Sidi el Huari pendant de nombreuses années.
COMMISSAIRE
Oran.
2E SUSPECT
Oui.
COMMISSAIRE
Il a soixante ans et...
2E SUSPECT
Trois.
COMMISSAIRE
Êtes-vous médecin?
2E SUSPECT
C’est correct.
COMMISSAIRE
Vous connaissiez Sofiane?
2E SUSPECT
C’est correct.
COMMISSAIRE
Le connaissiez-vous du Mouloudia d'Oran?
2E SUSPECT
Oui. Je l'ai également traité à plusieurs reprises, la dernière fois lors d'une opération récente.
COMMISSAIRE
Ménisque.
2E SUSPECT
C’est correct!
COMMISSAIRE
Mais vous n'êtes pas le médecin du Club.
2E SUSPECT
Non, il me connaissait depuis longtemps et c'est lui qui est venu me voir.
COMMISSAIRE
Dites-moi si je me trompe, le ménisque n'est-il pas vraiment un os...?
2E SUSPECT
C'est un cartilage caoutchouteux que l'on trouve à l'intérieur des genoux, les deux genoux.
COMMISSAIRE
Il y a des gens qui, même s'ils subissent une intervention chirurgicale, retournent à leur travail quotidien. Ils n'ont même pas besoin de se faire opérer. Ils sont progressivement soulagés. Vraiment?
2E SUSPECT
Sofiane était la deuxième fois qu'il souffrait de quelque chose de similaire à la jambe droite; et cette fois, c'était grave, il était inévitablement boiteux. Il n'y avait pas de solution. Ne vous y trompez pas, le football est un sport risqué pour ces maux, apparemment simples, mais seulement en apparence.
COMMISSAIRE
Il n'était pas d'accord avec le résultat de l'opération.
2E SUSPECT
Il lui restait une bonne retraite.
COMMISSAIRE
Mais il avait 23 ans!
2E SUSPECT
Il a eu une merveilleuse retraite!
COMMISSAIRE
Il voulait jouer au football!
2E SUSPECT
Et je suis le président de la République! (Bruyamment)
COMMISSAIRE
Sa vie était le football!
2E SUSPECT
Qu'est-ce que ça importe! (Idem)
COMMISSAIRE
Vous n'êtes pas intéressé par un patient?
2E SUSPECT
Encore une! (Plus doux, bien que tendu)
COMMISSAIRE
Même s'il était un ami de son fils!
2E SUSPECT
Je ne sais pas si c'était le cas!
COMMISSAIRE
Même s'il a joué dans l'équipe de sa vie!
2E SUSPECT
Il y a plus de joueurs dans le MCO!
COMMISSAIRE
Par exemple, son fils Rafit, qui reste remplaçant.
2E SUSPECT
Par exemple! Il est tellement meilleur que Sofiane, où vas-tu t'arrêter!
COMMISSAIRE
Comment le définiriez-vous?
2E SUSPECT
Un joueur parmi tant d'autres.
COMMISSAIRE
N'était-ce pas remarquable?
2E SUSPECT
Non! C'était médiocre!
COMMISSAIRE
Pensez-vous que je devrais prendre la place de Rafit?
2E SUSPECT
Bien sûr! Depuis longtemps!
COMMISSAIRE
C'est à cela que tout se résume!
2E SUSPECT
Je ne vois pas ce que vous voulez dire!
COMMISSAIRE
Remplacez Sofiane par Rafit.
2E SUSPECT
J’ai pas dit ça!
COMMISSAIRE
Il a dit beaucoup plus que cela! Je ne comprends pas le football, mais il y a beaucoup de gamins qui jouent dans la rue, qui ne peuvent pas aspirer à une place dans le MCO de leurs rêves...
2E SUSPECT
Tu veux que je pleure? Tout le monde peut le faire.
COMMISSAIRE
Vous savez que ce n'est pas le cas!
2E SUSPECT
Peut-être qu'ils ne s'appliquent pas assez.
COMMISSAIRE
Ou qu'ils n'ont pas de père influent!
2E SUSPECT
Cela peut aussi l'être.
COMMISSAIRE
Vous étiez déterminé à ce que votre fils soit défenseur central, qu'il joue comme titulaire!
2E SUSPECT
Et si c'était le cas! C'est normal! (Idem)
COMMISSAIRE
Il tuerait même, si nécessaire!
2E SUSPECT
Pourquoi pas?
COMMISSAIRE
Qu'est-ce qu'un père ne ferait pas pour son enfant?
2E SUSPECT
Infiniment plus que le fils pour son père!
COMMISSAIRE
Bien sûr!
2E SUSPECT
Vous avez des enfants!
COMMISSAIRE
Dieu ne m'a pas donné ce cadeau.
2E SUSPECT
Un parent peut et doit tout faire pour son enfant! Sépale!
COMMISSAIRE
Tout?
2E SUSPECT
Tout!
COMMISSAIRE
Même si c'est illégal?
2E SUSPECT
Qu'importe que ce soit illégal! (Idem)
COMMISSAIRE
C'est du désordre!
2E SUSPECT
Je m'en fou!
COMMISSAIRE
C'est ça l'anarchie: tout pour l'un et rien pour les autres!
2E SUSPECT
Et qu'est-ce que cela m'importe! Un verre d'eau s'il vous plaît! (Idem)
(Moments de silence tendu)
COMMISSAIRE
Voulez-vous un verre d'eau?
2E SUSPECT
Oui, s'il vous plaît!
(Il se lève et revient avec un verre d'eau. En passant devant le médecin, il prend le pistolet sous son trench-coat, car il n'était pas menotté.
COMMISSAIRE
Qu’est-ce qu’ll fait! (Idem)
2E SUSPECT
Haut les mains!
COMMISSAIRE
Qu’est-ce qu’ll fait!
2E SUSPECT
Tais-toi et assieds-toi! (Idem)
COMMISSAIRE
Mais!
2E SUSPECT
Je vais lui tirer dessus! (Idem)
COMMISSAIRE
Ne m'a-t-il pas tout dit? Vérité?
2E SUSPECT
Que veux-tu dire? (Baissant les mains) Crinières relevées!
COMMISSAIRE
Vous n'avez pas tué Sofiane pour votre fils, mais pour vous!
2E SUSPECT
Que veux-tu dire?
COMMISSAIRE
Sofiane aspirait à rejoindre l'équipe technique du club, car il ne pouvait pas jouer pour l'équipe après son opération.
2E SUSPECT
Et alors?
COMMISSAIRE
Tu voulais ce poste depuis des années, mais il y avait ce vieil homme, comment s'appelle-t-il?, ah oui Tahar, qui semblait ne jamais le quitter. Mais maintenant, Tahar avait parlé à Sofiane et allait rester à son poste et cela l'a mis en colère, car il s'attendait à ce que ce soit ton tour maintenant...
2E SUSPECT
Tahar est un idiot! Il pense tout savoir! Non? Non?
COMMISSAIRE
Je relie les points, seulement!
2E SUSPECT
Pensez-vous que j'allais laisser cela prendre ma place au Club? Vous ne savez pas qui je suis!
COMMISSAIRE
Non, bien sûr, c'était sa position! Personne ne pouvait le toucher!
2E SUSPECT
Oui, c'était ma position, bien sûr! Elle le poursuivait depuis dix ans! Et Tahar, l'idiot de Tahar, m'a dit de ne pas m'inquiéter! Je ne veux pas m'inquiéter! Quel travail cela allait être pour moi!
COMMISSAIRE
Et était-ce vraiment pour cela qu'il a tué Sofiane? Ce n'était donc pas pour son fils bien-aimé...? Vous donnez tout pour votre enfant, mais c'est vraiment pour vous! C'est un hypocrite et un homme sans cœur, il le sait!
(Il se lève et met l'arme sur la tempe du Commissare)
COMMISSAIRE
Vous pouvez voir qu'il ne tolère pas la vérité! Tu es un bâtard! Un homme cupide!
2E SUSPECT
Un homme cupide? Écoutez, je n'ai pas de mal à lui tirer dessus! (Idem)
COMMISSAIRE
Oui, un homme cupide! Il a tout : voiture, maison, famille, profession..., mais il en veut plus, et plus, et plus! Il est gourmand...!
2E SUSPECT
Je voulais juste ce à quoi j'avais droit!
COMMISSAIRE
Son dû! Vous êtes vaniteux, irritable!
2E SUSPECT
Non! Je ne suis rien de tout ça!
COMMISSAIRE
C'est avant tout un meurtrier sans scrupules...!
2E SUSPECT
Non!
COMMISSAIRE
Oui!
(Il met le pistolet sur sa tempe)
COMMISSAIRE
C’est vrai!
(Un coup de feu retentit)
FIN
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